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Libération

Eden batracien

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publié le 19 septembre 2000 à 4h29

Les Australiens sont verts. Chevaliers de l'environnement, pourfendeurs de nucléaire et, à l'occasion, protecteurs de grenouilles. Les Litoria aurea sont petiotes avec, accrochées aux épaules, des marbrures dorées et des insignes qui en font les grenouilles les plus célèbres de Sydney: elles appartiennent à une espèce menacée et habitent à quelques sauts du stade olympique. Quand on les découvrit sur ce terrain de creux et de bosses où chacun déposait ses détritus, un rapport préconisa aux humains de passer leur chemin, de ne pas troubler la vie des batraciens et de trouver un autre lieu pour les Jeux. Finalement, on leur offrit des mares toutes neuves, des jardins touffus et des passages souterrains pour qu'elles puissent folâtrer sans se faire écraser. Une opération qui mobilisa un bataillon de spécialistes en tout genre et frisa le million de dollars. Excessif? Pas vraiment, dans un pays où, pour protéger les coraux de la Grande Barrière, on a demandé aux touristes de ne pas faire pipi dans l'eau...

Mais il fallait bien tenter de réparer les erreurs du passé. Les premiers colons avaient une telle nostalgie de l'Angleterre qu'ils essayèrent de tailler l'Australie à l'image de leurs souvenirs. Avec des chats pour ronronner au coin du feu, des renards pour la chasse à courre et des lapins pour la chasse tout court. Devenus sauvages, ces animaux firent des ravages et la faune locale y laissa bien des plumes. L'Australie a la médaille d'or des espèces disparues. Pour gagner les