Canberra envoyé spécial
Dans la lumière bleutée, trois garçons et trois filles font des longueurs. Avec ses murs de béton, ses baies en verre dépoli tricolore, ses tuyauteries, la piscine pourrait être celle d'un centre aquatique de banlieue, n'importe où au monde. En silence, les nageurs touchent le mur, sucent une bouteille de boisson énergétique, soufflent ; et repartent, le regard tendu, au loin, vers l'autre bout du bassin. Et la gloire. Au cas, bien improbable où ils l'auraient oublié, un immense drapeau australien et des photos de champions, accrochés aux murs, leur rappellent pourquoi ils tirent ainsi sur leurs muscles. Pourquoi ils passent chaque jour six heures dans l'eau. Pourquoi ils acceptent cette interminable routine : plonger, nager, tourner, plonger, nager, tourner, accélérer, ralentir, nager avec des palmes, des planches, crawler, papillonner, nager sous l'eau, sur le dos, sur le ventre. Nager, jusqu'à ce que le corps soit dur, et souple, et endurant, et luisant comme celui d'un dauphin, nager pour durcir ses muscles, et libérer sa tête.
Ecolières. Car ce bassin est spécial : c'est celui de l'Australian Institute of Sports (AIS), à Canberra, la capitale nationale. Dans cette piscine, se sont préparés 14 des 44 sélectionnés olympiques australiens, dont le champion du monde australien Michael Klim. Dans le couloir 3, Phil Rogers, brasseur olympique, fait ses gammes. Barry Prime, son entraîneur, s'accroupit au bout du bassin. Il chuchote ses conseils. Rogers sou