Sydney envoyé spécial
Avant, elle défilait (pour Paco Rabanne en 1993). Maintenant, elle se défile. A Sydney, Mademoiselle Mysterious, nouveau surnom australien, manque à l'appel et laisse ses défauts à la pelle. La liste ? Fichu caractère, n'en fait qu'à sa tête, ne sait pas ce qu'elle veut, si, le sait trop bien, timide, non, trop sûre d'elle. Qui doute, qui a l'orgueil aussi démesuré que les cannes. Confiance en personne, agressive, ingérable, incontrôlable, pas de compromis ! Veut être star, incapable d'assumer... Et on se demande si, au fond, ce don de la nature, cette foulée insensée, ce n'était pas un cadeau empoisonné. Heureuse, Marie-Jo ? On en doute. Trop dur à assumer, le grand écart, pour la grande gigasse : timide contrariée, ado à jamais complexée, mais qui fait rêver les stades sitôt qu'elle y pose la semelle.
En naissant un jour de mai 1968 à Basse-Terre, en Guadeloupe, elle ne pouvait que semer, vingt-cinq ans plus tard, la révolution dans l'athlétisme. Elevée par sa grand-mère qui tenait une épicerie, saoulée par les clients au rythme de leurs «Ba moin an ti feu, mémé» («Donne-moi un petit feu (rhum), mémé»), la gamine a vu ses quilles pousser comme les fougères géantes qui couvrent le volcan, là-haut. Et qui allaient en faire un être à part, un physique à défier la gravité, une foulée si déliée qu'elle embrasserait l'or avec les pieds.
Entraîneurs. Mais avant, elle s'est retrouvée perdue en métropole, à 8 000 km de la chaleur humaine, laissant à son premier e