Les Australiens sont des gourmets. Une qualité qui leur est venue sur le tard, mais au regard de leurs origines britannique et irlandaise, ils peuvent être excusés. A l'époque de la préhistoire culinaire, il y a une trentaine d'années environ, la viande était abandonnée dans une poêle encore froide, le temps d'aller au jardin cueillir les légumes qu'il fallait trier, laver, éplucher, découper...
Le temps de saluer la voisine et de boire un verre de sherry... Hé! la viande? Recroquevillée, sans une larme de jus, flanquée d'une portion de citrouille jaune et de pois verts, accompagnée de rasades de thé, achevée par de sombres puddings. Triste cortège.
L'immigration a sauvé l'Australie. La première vague fut italienne, la seconde asiatique. Les chefs australiens commencèrent à imiter les maîtres qui professaient dans l'autre hémisphère, puis ils s'émancipèrent, inventèrent une cuisine provocante et joyeuse. D'huile d'olive et de citronnelle, de tomates et de gingembre. Les Australiens aiment leur café serré, leur curry pimenté et leur pain français.
Ils espéraient partager leur plaisir, mais les visiteurs préfèrent investir leurs souvenirs dans les foutaises que l'on trouve sur tous les champs de foire, fussent-ils olympiques. Tee-shirts, casquettes et comment y échapper? kangourous en peluche. Au désespoir des restaurateurs qui, en prévision des Jeux, avaient engagé du personnel supplémentaire et commandé les meilleurs produits. Leurs salles restent vides et leurs cuisiniers