Les Australiens sont ivres. Et pas seulement de plaisir. Leur moisson de médailles olympiques est source d'une célébration à laquelle ils s'abreuvent sans répit. Jusqu'à l'aube, les pubs de Sydney naviguent sur des flots de bière et les parcs recueillent les corps échoués de ceux qui, à trop tanguer, ont perdu le cap. Sans le prétexte des Jeux, les Australiens boivent tout autant. L'alcool est un rituel. L'ivresse, une tradition.
Et la migraine du lendemain, le titre de gloire d'un parfait samedi soir. Pour conserver les bières au frais, les Australiens ont, en 1950, imaginé l'esky, une glacière portable avec ouvre-bouteilles incorporé que tout famille se doit de posséder. Une invention saluée comme l'une des plus ingénieuses du pays.
Mais la bière, avec ou sans esky, a rarement le temps de se réchauffer. Les Australiens boivent vite. Une habitude héritée de la Première Guerre mondiale où, par mesure d'austérité et pour satisfaire quelques puritains inspirés par la prohibition américaine, il fut décidé que les pubs fermeraient à 18 heures. La consommation ne diminua pas pour autant car les Australiens, dont le sens pratique est sans égal, s'installèrent plus tôt au bar et accélérèrent la cadence. Ce n'est qu'à l'approche des années 60 que cette restriction fut levée mais le pli était pris... Bien qu'ils le regrettent, car la capacité à avaler grande quantité de canettes est signe de virilité, les Australiens ne détiennent pas la médaille d'or, ni même d'argent des buveurs de b