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Libération

Médailles sur un haut plateau

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Un frère irlandais forme la majorité des athlètes kenyans, à 2000 m d'altitude.
publié le 27 septembre 2000 à 4h46

Iten envoyé spécial

On n'arrive pas à Iten. On s'y hisse, après une centaine de kilomètres d'ascension entre les champs de maïs qui fait fumer les moteurs des voitures et sculpte le souffle des coureurs. C'est là, au-dessus de la vallée du Rift, à plus de 2 000 mètres d'altitude, que, depuis vingt-cinq ans, Colm O'Connell, frère lai irlandais de l'ordre de Saint-Patrick et professeur de géographie, façonne l'élite des athlètes de fond et de demi-fond du Kenya et du monde dans un centre d'entraînement scolaire. Depuis les années 60, le mystère demeure : comment autant de talents en marathon, steeple-chase, cross-country, 5 000 ou 800 mètres ont-ils pu naître dans un rayon de cinquante kilomètres, entre l'école secondaire masculine de Saint-Patrick d'Iten et l'école des filles de Sin'gore, dont frère Colm est à la fois le professeur pendant la journée et l'entraîneur le soir depuis 1976 ?

Bedaine et teint coloré. Lorsqu'on le fait appeler, Colm O'Connell met un temps infini à sortir de son potager, avant d'arriver avec son air de paysan irlandais, bedaine de bon vivant et teint coloré de qui a passé suffisamment d'heures au grand air ou verre à la main. Dans son bungalow, où seul un portrait du pape, encore jeune, et un calendrier publicitaire décorent les murs, il désigne la une d'un journal et pointe du doigt «[s]es» athlètes sur la photo de la sélection olympique kenyane. De Tecla Lorupe à Rose Cheruyiot, en passant par Lydia Cheromei ou Japhet Kimutai, «les trois quarts de c