Londres de notre correspondant
Samedi, après soixante-dix-sept ans d'existence, Wembley a abrité son dernier match, sur une défaite de l'Angleterre, battue 1-0 par l'Allemagne en match éliminatoire du Mondial 2002. Le 7 novembre, bulldozers et artificiers le réduiront en poussière, et ces derniers jours, les pèlerins se sont pressés pour visiter une dernière fois la Mecque du football anglais.
Chacun fait une figure de circonstance comme s'il enterrait un ami. Le visage grave, les bras croisés, les visiteurs gravissent en silence les escaliers brut de décoffrage qui permettent d'accéder aux gradins. Des traînées noires courent sur les murs, des paquets de câbles dégoulinent des plafonds, la rouille ronge les poutres métalliques. Mais personne n'y prête attention. Nostalgiques, curieux, touristes ou simples voisins, ils viennent guetter des fantômes et non dresser un état des lieux. «Je suis venu lui dire au revoir», déclare Harry, un habitant du East-End. Les mains effleurent le tee-shirt de David Beckham, accroché à un cintre, avec le respect dû à une relique. Les regards s'attardent sur une photographie noir et blanc de Henry Cooper envoyant au tapis Cassius Clay en 1963. Dans la loge royale, on brandit tour à tour une copie de la Coupe du monde, comme Boby Moore en 1966.
Puddings de béton. A l'origine, le bâtiment n'était pas dédié au ballon rond. Il avait été construit pour accueillir l'exposition impériale de 1923. D'où son aspect colossal à la mesure d'une Grande Bretagne