La simple évocation des Jeux olympiques renfrogne Seydina Baldé. «Un jour, j'ai vraiment envie de participer à cette grande fête. Après tout, je suis champion du monde. Je le mérite!», lance-t-il en déployant son 1,87 m avant de retrouver un sourire un peu triste. Certes, les championnats du monde de karaté qui débutent aujourd'hui à Munich (Allemagne) vont lui donner l'occasion de défendre son titre (par équipe) et de tenter sa chance en individuels (lourds, + de 80 kg). Mais Seydina Baldé, comme tous les karatékas de l'équipe de France, reste amer.
Alors que le taekwondo, cousin coréen du karaté (1), a fait une entrée réussie aux Jeux de Sydney, le karaté n'a jamais su s'imposer comme sport olympique. Victime de la mère-patrie d'abord, le Japon, qui a longtemps traîné les pieds en invoquant traditions et contexte philosophique de «l'art» martial pour en occulter la dimension sportive. Englué dans ses querelles d'écoles et d'arbitrage ensuite, où chaque style s'emploie à figer les combats dans une pénible stratégie de contre-attaque. Enfermé dans sa mauvaise image également, à laquelle certains dirigeants de l'organisation mondiale du karaté (Wuko) proches de l'extrême droite japonaise et des mafias locales ont largement contribué. Débordé par le «jeune» taekwondo, enfin, que les Coréens ont conçu moderne, spectaculaire et télégénique. Contrairement au karaté, les coups y sont ainsi réellement portés sur des parties du corps protégées, laissant moins d'interprétations d'arbi