Silence sous la galerie de bois. Deux hommes en blanc pénètrent dans la haute salle, une longue raquette incurvée à la main. Salut solennel, service. La balle blanche rebondit sur un toit noir incliné, fait mine de se loger dans une petite grille au fond du court, mais ricoche et atterrit dans le camp adverse. Applaudissements polis. Le jeu de paume. C'était en 1316, à la cour du roi Louis X. C'est en l'an 2000, dans le XVIe arrondissement parisien. La cinquantaine de joueurs rassemblés dans le décor feutré du 74 ter rue Lauriston s'indignent de voir ce «roi des jeux» cantonné à la rubrique «ancêtres» de l'histoire du sport. «La paume est bien vivante», martèle Gil Kressman, fils et petit-fils de paumiers, membre de l'unique club parisien. La preuve: ce week-end était organisée la coupe Bathurst, rassemblant les meilleurs joueurs amateurs des quatre pays qui pratiquent toujours ce sport: la France, l'Angleterre, l'Australie et les Etats-Unis. Comme d'habitude, l'Angleterre qui rassemble 4000 des 5000 joueurs mondiaux a fini en tête, devant l'Australie, les Etats-Unis, et la France, patrie d'origine, bonne dernière. «Un art, une science!» «Chasse à la porte, 40-30 pour la grille, changez!» Score sibyllin déclamé par un petit homme au pantalon impeccablement repassé. Il se lève, traverse le court un panier d'osier au bras, ramasse les balles cousues main en pur drap blanc de coton puis se replace dans sa loge d'arbitre. Quelle obstination pousse un petit clan d'initiés
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