Lille envoyée spéciale
Le bal des faux culs a battu son plein hier après-midi, quand est venu le tour de Jean-Marie Leblanc, directeur du Tour de France, devisant gentiment avec un président du tribunal de moins en moins curieux. Il n'aurait pris conscience de l'EPO qu'en 1994, lorsque trois coureurs de l'équipe italienne Gewiss sont arrivés en tête de la Flèche wallonne.Jean-Marie Leblanc était pourtant aux premières loges: ancien coureur (cinq ans amateur, cinq ans professionnel); ancien journaliste spécialisé sur le vélo à la Voix du Nord puis à l'Equipe, où il suivait le Tour de France dans la voiture de Goddet, le directeur de l'épreuve qu'il a remplacé en 1988. Au lendemain de l'affaire Festina, il confiait à Libération avoir tout appris de la généralisation du dopage et de l'EPO «en lisant récemment le Monde et Libération».
A la barre, partie civile, Leblanc promet de répondre à la question de Me de Montbrial, l'avocat de Bruno Roussel, sur les bénéfices du Tour. La chose est tenue secrète depuis le rachat par Amaury de la société organisatrice, qui préfère payer chaque année une amende pour ce manquement. Pour le président, «la question n'intéresse pas le tribunal». Jean-Marie Leblanc fait face: «Je vais répondre... L'actionnaire Amaury interdit aux filiales de rendre publics leurs comptes. Et nous sommes une filiale...»
Restait au magistrat à titiller celui qui tire des bénéfices secrets mais conséquents d'une épreuve dont «les résultats sont faussés par le dopage». «A