Garry Kasparov a bu la coupe amère de la défaite et avalé la lie. La dernière partie du championnat du monde d'échecs, samedi à Londres, a pour lui quelque chose de superflu, mais peut être libératoire, jubilatoire, tel la fin d'un calvaire. Depuis jeudi soir, Garry Kasparov n'est plus le roi incontesté des 64 cases, position qu'il défendait depuis quinze ans. En acceptant de partager le point de la quinzième et avant dernière partie avec son challenger Vladimir Kramnik, Kasparov mené 8,5 à 6,5 était détrôné.
Et, comme dans les belles et emblématiques histoires, son maître n'est autre que son ancien élève, Vladimir Kramnik, Russe comme lui. C'est Kasparov qui le premier avait remarqué les qualités de Kramnik, en 1987. Kramnik avait alors 12 ans et était élève dans une école pour jeunes talents de Moscou. Kasparov, qui le considère comme «le meilleur jeune joueur du monde», le prend sous son aile, lui enseigne quelques-uns de ses meilleurs coups, avant d'en faire l'un de ses conseiller/analyste, en 1995, lorsqu'il dut affronter (et vaincre) le numéro deux mondial de l'époque, l'Indien Viswanathan Anand.
Soulagement. C'est peut être cette harmonie totale dans la passation de pouvoir qui a déridé Kasparov. Contrairement à l'image qu'il donne immuablement depuis le début de son règne, à l'issue de la partie décisive jeudi, il est apparu détendu et souriant. «Je n'ai pas joué mon meilleur jeu lors de ce championnat», a commenté Garry Kasparov, pour lâcher finalement: «Je suis prêt