Les Sables-d'Olonne
envoyé spécial
Il y a des émotions qui ne se maîtrisent pas. Le ponton tanguait mollement sous le poids lent des derniers visiteurs, amis, invités, préparateurs, journalistes. Pas de précipitation, pas d'angoisse apparente chez ceux qui devaient appareiller. Il n'était pas encore l'heure du café, ou tout juste. Comme si les reports successifs du départ avaient gommé les tressautements inhérents à toute séparation, avaient rajouté un soupçon d'intimité dans cet embarquement en pleine semaine. Il n'est pas dans la tradition marine du Vendée Globe de voir des solitaires craquer avant le départ. Au retour, oui, comme pour relâcher le surplus de tensions et de peurs qu'aura généré le tour du monde, seul, sans escale, sans assistance.
Mais là, non. Simplement, comme des professionnels devant les hordes de caméras, stylos et appareils photos, ils laissent entendre leur envie de tout larguer, leur impatience à parcourir le vaste monde, leur plaisir de connaître pour les toutes premières heures un temps de vierge effarouchée dont les vents consternants ne parviendraient pas à soulever la jupe. Ou s'apostrophent façon dur de dur. «Ça va, ma couille», dira Bernard Stamm à Thierry Dubois. «Et toi, toujours dans la strat'» répondit, un peu chambreur, le skipper de Solidaires, faisant allusion aux bricolages de dernière minute réalisés sur le bateau de Stamm.
Serrant et enlaçant. Et puis. Et puis Thomas Coville, avec sa femme et son bébé, comme si se craquelait déjà la mâl