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Libération

Bianchetti met la mer dans ses vers

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publié le 17 novembre 2000 à 6h42

Une légende, sans doute trop tenace pour être vraie, raconte que dans l'Italie des campagnes, les parents projettent leurs nouveau-nés contre le mur. Si l'enfant reste accroché, il maniera la truelle et deviendra maçon, s'il tombe à terre façon pâte brisée, la pizza sera son gagne-pain. Faux évidement, alors que sur le littoral, d'Ostia à Rimini, court un autre fabliau, plus tangible celui-là. En bord de mer, avant même de couper le cordon, on plonge le bébé dans l'eau. Qu'il ressorte en hurlant «A tribord toute», il sera navigateur, qu'il psalmodie au contraire les premières strophes de L'Enfer, alors la poésie sera son domaine. Simone Bianchetti a la chance inouïe d'être à la fois marin et rimailleur. Même si «Dante, c'est comme si tu portais vingt-cinq kilos de viande sur le dos» dit-il, «C'est lourd.»

Le marin préfère versifier autour de l'aventure, des vents et des nuages, de l'eau qui bouge, repart et revient au gré des marées. Qu'il descende de voiture, face à la mer démontée, pour une séance photo, et le voilà qui se prend aux mots. On y pique au creux de la langue italienne des syllabes qui sonneraient presque comme du français, il évoque «la conformité aveugle des vagues, toujours présentes mais jamais pareilles», les nuages au-dessus mais qui «restent avec toi tout le temps», «les larmes coupantes qui pleuvent du ciel». Les hommes et les femmes de lettres apprécieront la fraîcheur de ces images et leur relative modestie. On les retrouvera à la fin du mois dans un r