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Libération

Forte activité dans la tête

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publié le 17 novembre 2000 à 6h42

Pendant toute la durée de son tour du monde en solitaire, chaque vendredi, Thierry Dubois, skipper de Solidaires, nous livrera ses impressions.

Dès l'instant où l'on se retrouve seul, à bord et en mer, je démarre une intense et variée activité, tant cérébrale que psychique, qui va évoluer et ne jamais s'interrompre tout au long de la traversée. On pourrait croire que, sitôt lâché, le solitaire se vide la tête et ne pense plus qu'à son bien-être présent... Eh bien, pas du tout: si je vide la mienne, c'est pour mieux la remplir. Bien sûr, il y subsiste au début des problèmes terriens, restes de la multitude de choses gérée jusqu'au départ, voire un peu après. Ceux-là vont vite passer à la trappe pour laisser la place nette à mes réflexions d'ermite.

Ma condition présente n'est point le centre d'intérêt mais plutôt le point de départ, de retour en arrière et de projection dans le futur. Ma vie, mon oeuvre... où en suis-je, dans quel état j'erre... Et ma retraite dans tout cela!

Est-il bien temps de se demander ce que l'on fait là?

Côté bateau, il suffit de fixer son attention sur un détail technique et me voilà rétroprojeté lors des semaines passées à la construction: pourquoi

a-t-on réalisé cela ainsi? Ne faudrait-il pas modifier à l'avenir? Et hop! Me voilà téléporté dans des travaux futurs, et d'autres navigations par là même, histoire de compléter les souvenirs apparus au détour d'une île croisée pendant la course. Ou d'une annotation sur une carte marine au passé déjà chargé. D