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Libération
Interview

Joël Lautier, un second couteau dans le dos de Garry Kasparov

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publié le 20 novembre 2000 à 6h46

Meilleur joueur français, Joël Lautier était aux premières loges du championnat du monde d'échecs opposant, à Londres, Vladimir Kramnik et Garry Kasparov. Avec le Russe Bareev et l'Espagnol Illescas, il composait l'équipe qui a secondé le nouveau champion du monde. Il dévoile des aspects méconnus du travail de préparation et l'ambiance qui régnait dans le clan Kramnik entre les parties.

Vous étiez l'un des rares joueurs à avoir fait craquer Garry Kasparov, réussissant même à le battre sur une partie. Comment avez-vous abordé l'aspect psychologique du championnat avec Kramnik?

Battre quelqu'un une fois et le battre dans un match sur seize parties sont deux choses très différentes. On en a beaucoup discuté, mais Vladimir avait ses propres idées sur les faiblesses de Kasparov. Il fallait traduire ces faiblesses sur l'échiquier. En fait, tout le travail a consisté à parvenir à des positions dans lesquelles nous savions Kasparov mal à l'aise. Kasparov aime dominer, se plaît dans des positions dynamiques. Il fallait empêcher Kasparov d'avoir l'initiative. Il fallait, notamment, procéder à l'élimination rapide des dames. Ce qui est formidable, c'est que les choses se sont déroulées comme on l'avait prévu.

On a beaucoup écrit sur cette défense berlinoise sur laquelle Kasparov s'est cassé les dents quand Kramnik avait les noirs. Qui a eu l'idée de cette ouverture?

C'est Vladimir. Nous étions persuadés qu'il fallait éviter les préparations de Kasparov, donc jouer une variante que Kramnik