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Libération

«J'ai vu la barre foutre le camp à l'eau»

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publié le 22 novembre 2000 à 6h53

Ile de Sal (Cap Vert)

envoyé spécial

La circumnavigation du skipper suisse Bernard Stamm s'est achevée avant-hier sur l'île de Sal, au Cap-Vert. Alors qu'il était en 3e position du Vendée Globe à 80 milles de l'archipel, une défaillance de pilote automatique a mis le bateau sens dessus dessous. Dans le fatras, le halebas de bôme d'Armor Lux-Foie Gras Bizac arrache la barre franche : «J'ai entendu un grand bruit. J'étais à poil et j'ai vu la barre foutre le camp à l'eau», raconte l'ancien bûcheron. Stamm est resté nu comme un vers pendant deux heures, le temps de mettre en place une barre de secours: «Je commençais à me les cailler.»

Triste. Pendant dix jours, Stamm avait navigué de façon remarquable. Son bateau mouille désormais entre trois barques de pêcheurs et deux vieux gréements en acier. Son assistance est attendue pour aujourd'hui. Le marin, assurément triste, cache par des pirouettes, sa profonde déception. D'abord il est sans un sou, ce qui n'est jamais très pratique. «Mais j'ai quand même à manger pour 80 jours», dit-il en se moquant de lui-même.

Il regarde sa situation avec hauteur. Il est grevé de dettes et habillé à la va-comme-je-te-pousse: un falzar, une liquette et une paire de souliers fatigués. Ses lunettes de soleil? Un buraliste local les lui a offertes contre 40 francs de cigarettes. Le Suisse n'a plus de tabac et boirait bien une «petite mousse». Après, il est tout pompette.

Stamm est vraiment parfait dans son genre car il ne sait pas rendre compte de ses so