Les Sables-d'Olonne
envoyé spécial
Jusqu'où l'homme peut-il puiser quand il est en bas du monde, là où les vagues et les vents ont la plus grande des libertés, celle de circuler sans entrave ? Au plus profond de lui-même, sans doute.
Nous l'apprendrons au travers d'une carte. Pas grand-chose, une carte. De celle que les marins posent sur la table du même nom. Fripée, jaunie, encore humide des désirs inaboutis et des désillusions du bout des mers. Ceux qui n'y sont jamais allés peuvent juste lire qu'il s'agit de l'«océan Pacifique», qu'elle a été dessinée par le «service hydrographique de la marine, à Paris, 1913», que son numéro administratif est le 5438 H. Que l'étendue qu'elle embrasse, de l'ouest vers l'est, va du sud de l'Australie au gros caillou du Horn. Celui-là même qui signale, juste une fois doublé, qu'il reste encore à remonter aux Sables-d'Olonne.
En posant les yeux sur le large papier déroulé, Eric Dumont, bientôt 40 ans, redécouvre une part de son histoire. Nous étions à quelques jours à peine du grand départ : «Je viens de la ressortir, elle était restée dans un placard depuis fin février 1997», date à laquelle, fourbu, cassé, il avait franchi la ligne d'arrivée du dernier Vendée Globe. Quatrième. «Là, c'est comme un morceau de peau que je ressortirais d'un container.»
Ratures. C'est la plus brouillon, la plus raturée de toutes les cartes. On peut y lire, ou plutôt y déceler, tout ce que le marin a subi lors du précédent tour du monde en solitaire sans escales, ent