Assis dans un salon de l'Olympique lyonnais, Vikash Dhorasoo regarde à la télé les images de la dernière journée de championnat. On est dimanche matin, à deux jours du match de Ligue des champions qui oppose ce soir l'OL au Spartak de Moscou. Le reportage égrène les cinq buts marqués par les Sedanais contre le PSG. Dhorasoo apprécie: «Ils sont insouciants», lâche-t-il, envieux. Lui vit une saison difficile. Il ne joue pas beaucoup, change souvent de poste. Il ronge son frein et porte un regard lucide sur l'évolution du foot, les enjeux toujours plus élevés, les crispations que cela entraîne.
Avant Lyon, Dhorasoo n'avait connu que Le Havre. Dans un quartier populaire, dont il vient de reprendre le club avec des copains et où il a vécu jusqu'à 20 ans. Son père, d'origine mauricienne, était plombier sur un chantier naval. Sa mère, cuisinière. Des origines modestes, donc, «mais cela ne suffit pas à garder les deux pieds sur terre». Dans un milieu infantilisant où l'argent coule à flots, lui semble conserver quelques repères: «Ça vient de la famille, des amis, de ceux qui m'entourent.» Un recul que les autres perçoivent parfois comme du cynisme. Il n'a pas cru, par exemple, à la vague «black, blanc beur» de la dernière Coupe du monde. «Avec le succès, les gens oublient qui nous sommes. Un jour, un type m'a dit: "Ne va pas jouer à Marseille, il y a plein d'étrangers." Il ne voyait même plus la couleur de ma peau.» Il fréquente peu de footballeurs, lit beaucoup. «Des polars: Izzo, P