Rome envoyé spécial
Une ruelle sinistre, mal éclairée. Graffitis tricolores, un drapeau. L'entrée, à l'angle de la via Bartolomeo Bossi, porte les stigmates du championnat remporté par la Lazio l'an dernier. Sur le trottoir, le sceau des Irriducibili (les «Irréductibles»), noyau dur des tifosi de la Lazio, les ultrà. L'escalier descend vers un bureau où cinq personnes discutent stratégie pour le comportement à adopter lors du derby de dimanche soir, au Stadio Olimpico (utilisé en alternance avec l'AS Roma). D'autres papotent comme au bistrot. Un vieillard est debout, droit comme un «I». Présentations. «Voici, Alfredo Ricci, un ancien général de la république de Salò (1). C'est notre président d'honneur!», lance fièrement l'un des rasés.
Panoplie mussolinienne. Au plafond, un drapeau avec la croix celtique, des photos de match dans un coin, un aigle aux couleurs du club, un portrait de Mussolini. L'escalier, à l'étage en dessous, est barré d'un rideau en toile blanche. En travers, les inscriptions en rouge vif, «Eingang verbotten» et «Entrata vietata», repousseraient n'importe quel intrus. Derrière la tenture, des calicots géants sont étalés sur le sol, prêts à être peints. Nous sommes à deux pas de Piramide, au coeur du quartier populaire d'Ostiense. Mais le lieu n'a rien de populaire. Il est juste inquiétant.
C'est de ce QG que sont sorties une partie des horreurs vomies dans les virages des stades italiens. Des horreurs qui n'ont rien à envier à celles des homologues des Irri