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Libération

Mât de misère

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publié le 19 décembre 2000 à 8h14

Parfois, quelques mai gres lignes, lourdes de conséquences, suffisent à laisser entendre les malheurs de l'homme. Peu, si peu de mots qui content comment Yves Parlier, marin de haute solitude, a vu chuter son mât et s'écrouler en même temps les espoirs de victoire. «On a juste reçu trois lignes de Télex, racontait hier Hervé Corbière, son ami, il a pris le mât sur la gueule.» Trois lignes lapidaires, d'abord envoyées au comité de course, bien dans le style du navigateur arcachonnais toujours plus avare de mots que d'efforts. Trois lignes qui n'évoquaient pas totalement la faillite du matériel, ni la détresse de l'humain, juste: «Problème technique qui ne demande pas d'assistance. Skipper en bonne santé.» Tandis que Parlier précisait dans un autre message envoyé à son équipe technique que, parfois, la mécanique est plus lâche que le marin: «J'ai démâté.»

Rapide. Il serait pourtant faux de laisser croire que l'histoire repasse les plats comme les étendues océanes sans obstacles laissent filer les dépressions et les déferlantes. Il y a quatre ans déjà, un bris de safran avait contraint Yves Parlier à faire escale en Australie, avant de repartir de plus belle, et de finir la course, non classé. Cette année, on l'avait trouvé serein comme jamais au moment de quitter les Sables d'Olonne, et nul n'avait été surpris de le voir danser en tête de la course. Celui que la légende de la mer surnommait «l'Extraterrestre» devait occuper la première place du 26 novembre au 10 décembre, avant