Celui qui reste à quai, que peut-il lire dans les yeux de l'homme qui part? Jamais on n'avait croisé Yves Parlier, regard bleu tungstène, désir tatoué au coeur, aussi déterminé, aussi heureux de larguer l'amarre, aussi pressé d'en découdre qu'en ce début novembre. Etrange revirement de comportement, fierté de l'homme blessé, regard du marin dont les mots frôlaient parfois avec la lisière du pot au noir, flamme du dresseur de vents qui a vu passer le masque de la fin. 1998. Un accident de parapente, Yves Parlier aime les souffles et les airs qui poussent et font voler. «Je ne me suis pas vu me scratcher. Mon dernier sentiment ce n'était ni la peur, ni la terreur, juste les efforts que je faisais pour tenter de démêler mon aile. Je n'ai jamais fait de cauchemar, aucun souvenir jusqu'à l'hôpital. Mais je me suis dit que la bonne étoile ne durait pas éternellement. Là, j'ai rencontré cette infime distance qui me séparait de la vie ou de la mort. Mais ce n'était pas mon heure.»
Nerf écrasé. Sans doute, mais pour celui qui déjà n'envisageait que sa participation au prochain Vendée Globe, la chute tombe bien mal. «L'objectif premier de toutes mes participations, c'est de gagner la course. A partir de l'accident, c'est devenu plus compliqué.» On peut oublier les problèmes de jauge posés par «Aquitaine Innovations», son bateau-révolution en 1996, moins sûr, prétendaient les organisateurs, depuis que le Vendée s'est penché sur la sécurité en mer: tout a été réglé progressivement. On ne