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Libération
Portrait

Gallay, le Suisse poli par l'océan

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publié le 5 janvier 2001 à 21h32

Le navigateur Bernard Gallay a trois patries: la Suisse, la France et l'océan. Ce qui fait qu'il est délicat d'en tirer un portrait ressemblant car il joue à saute-mouton avec les douaniers et les écluses. On peut dire, cependant, que Gallay a toujours eu de grands loisirs. Il n'y a que les enfants de la grande bourgeoisie qui sachent en trouver de semblables. Les débuts de Bernard Gallay dans la marine à voile sont étonnants. Un jour, il coule à pic en sifflotant, tout en ajustant les bretelles de sa combinaison. «C'était en 1982, j'embarque comme équipier pour faire le convoyage d'un bateau après l'Ostar. Comme je n'y connaissais rien, je n'ai pas paniqué.» Le voilier fait eau de partout, puis de grands glouglous. Cependant, la musique joue: «L'équipage avait mis une cassette de chants de baleine», se souvient-il, amusé. Comme le naufrage manquait d'allure, et avant d'avoir de l'eau jusqu'aux genoux, il fut décidé de changer l'harmonie du naufrage, et le bateau coula avec Kate Bush. Ce qui n'est pas du tout la même chose. L'équipage fut récupéré humide et fort satisfait de son programme musical. Au bout du compte, Gallay eut cette phrase qui place son homme dans une très haute hiérarchie: «Ce fut un naufrage paisible.»

Né près du Léman. On sait que le citoyen suisse, en général, n'a pas été pensé pour jouer les hommes-grenouilles. D'ordinaire, il porte des souliers de marche avec des clous et un grand bâton, et boit du vin blanc en chantant à tue-tête. Parfois, il fait carr