Peut-on vivre dans l'ombre, se demande la jeune femme, mêler travail public et vie privée: «On n'est pas des êtres moins humains que les autres, on a une existence normale, les gens ne se rendent pas compte. Je suis un personnage public qui préférerait vivre parfois à l'écart. Derrière le discours policé, le boulot avec les sponsors, la presse, tout ça, j'ai besoin d'instants à moi.» Elle hésite alors entre le rire trop franc de celle qui en a presque trop dit, et l'amertume des chants du départ. Catherine Chabaud, chevelure ondulante comme une houle de bière, regard de biche qui a vu la mer, mâchoire à vouloir mordre toutes les vies, a néanmoins décidé de repartir pour un tour. Son second. Mais «ce sera la dernière fois», assurait-elle.
Pas pour gagner. Il faudrait sans doute râtisser les algues mortes du souvenir, devant la porte qui ouvre sur les mers, pour comprendre ce cheminement qu'on devine ardu. Qua tre ans déjà qu'elle a fait, en plus de temps qu'il n'en faut, ce qu'aucune femme auparavant n'avait su tenir. «Bien sûr, je l'ai bouclé, le tour du monde, mais en 140 jours.» La planète et ses mers en solitaire, sans escale, sans assistance puisque telle était, et telle est toujours la loi du Vendée Globe. Son bateau était alors fin comme une tranche de carpaccio, c'était un navire à deux mâts, d'expérience, sain et solide, discret et bien élevé. Quoique un peu plus lent que les autres. En a-t-elle soupé? Sans doute.
Alors, depuis, peut mieux faire, et plus vite. Avec plu