Melbourne correspondance
Hier, en huitième de finale de l'Open d'Australie, Todd Martin, le géant américain aux tempes grisonnantes, s'est offert (6-7, 6-3, 6-4, 6-4), à 30 ans et en partant de la 54e place mondiale, le scalp de Pete Sampras, son modèle et si souvent bourreau qu'il n'avait battu que deux petites fois en 19 confrontations. «Si je pensais au passé, dit Todd Martin, je devrais être à la retraite depuis déjà un certain temps.» Car l'homme est une sorte de miraculé. Finaliste en 1994 à Melbourne (battu par Sampras), il patientera pendant cinq saisons de frustration avant de retrouver le top 10 et la finale d'un tournoi majeur (l'US Open 99, battu par Agassi).
Double raison de cette semi-disparition (il a tout de même entretemps décroché huit titres): une grande (1,98 m) carcasse de verre et un mental de bon Samaritain. Ou plutôt de bon mormon, natif de l'Illinois, toujours prêt à d'abord servir les autres. Comme président du conseil des joueurs au board de l'ATP de 1995 à 1999 (excepté un bref intermède Corretja) ou comme membre d'innombrables oeuvres caritatives, dont la fondation des frères Gullikson.
Momie des courts. Problème, c'est que gentil, il l'est aussi sur le court. Capable de laisser filer une demi-finale à Wimbledon en 1994, alors qu'il menait 5-1 dans le 5e set contre le surprenant Malivai Washington. Quand ce n'est pas la tête qui flanche, c'est le corps. Opéré du coude, il sera absent sept mois en 1997. Et quand le coude tient, c'est l'épaule qui lâc