Melbourne correspondance
Sa pensée était prémonitoire. Lucide, surtout. Arnaud Clément avait dit que sa tâche serait rude en finale des Internationaux d'Australie face à l'Américain Andre Agassi, tenant du titre. «Le meilleur Agassi sera toujours meilleur que le meilleur Clément», avait dit le Français. Sans franchement rater son match, ce dernier a quitté la Rod Laver Arena avec un sévère 6-4, 6-2, 6-2 au tableau d'affichage. Seule consolation, il aura passé moins de deux heures sur le court surchauffé et vécu une belle expérience qui devrait lui apporter beaucoup. Facétieux et amateur du contre-pied, Arnaud Clément a reconnu après coup que ses angoisses d'avant-match n'avaient rien à voir avec ce que l'on imaginait. «Jouer une finale, cela ne me faisait pas peur. Rencontrer Agassi sur un grand court non plus, cela m'était déjà arrivé trois fois (il avait d'ailleurs battu l'Américain, certes diminué, à deux reprises, ndlr). Mais faire un discours en anglais devant des millions de téléspectateurs, je n'en ai pas fermé l'oeil avant deux heures du matin.» Pour sa première participation à une finale du grand chelem, Arnaud Clément, 23 ans, avait préféré l'humour à la pression, pour ne pas rater le plaisir de se retrouver face au roi Agassi.
Service compris. De fait, Clément attaque son match par une première balle cinglante, avant de conclure le premier jeu par un ace à 206 km/h (record personnel égalé). La réponse d'Agassi est foudroyante: quatre jeux consécutifs et une première