Est-ce la disgrâce de la vieillesse qui a eu raison de la passion de régner sur son sport? Un bel homme ressent forcément ces choses-là avec insistance. On pourrait affirmer que les aristocrates également, et comme Daniel Costantini est dans son genre un prince du jeu il se voyait mal finir en guerrier boiteux, le genou fatigué et en proie à des aigreurs d'estomac. «J'ai beau avoir 57 ans, être diabétique et boiteux, moi, Daniel Costantini, je sais comment vous êtes!» Ainsi s'adressait-il à ces joueurs lors de la préparation de ces championnats du monde, ses cinquièmes, qu'il savait être ses derniers. «J'ai vu dans l'oeil d'un joueur aux JO de Sydney qu'il était temps pour moi d'arrêter», confiait-il à Libération, la veille de la compétition.
Le professeur de sport quitte à 57 ans, après quinze ans à sa tête, l'équipe de France. Qui posera ces fesses dans le velours du fauteuil fédéral? «Ce n'est pas mon problème», disait-il avant-hier, en mentant incroyablement. Costantini, depuis une semaine, éprouve les délices du départ, car il ne sollicite rien, mais se sent appelé de partout.
Jamais un entraîneur de sport collectif ne sera autant regretté de son vivant. La presse le pleure, car il savait donner du brillant à ses causeries. Et la presse notait tout rageusement, consciente de tenir là un croisement de Saint-Simon, pour l'observation des moeurs sportives, et de Roger Nimier, pour la passion des automobiles et des dames. Car qui pourra le dépasser dans l'élégance et la cultu