Saint-Anton envoyé spécial
Qui aurait pu voler cette médaille d'or de géant au Suisse Michael von Gruenigen? Beaucoup s'y sont employés, et pas des moindres. Hier, les 45 000 spectateurs massés à l'arrivée étaient encore venus voir «leur» Hermann Maier tenter d'accrocher l'or. Ce fut vain. Et cruel, puisque le malheureux Herminator échouait à un centième du podium sur lequel se trouvaient le Norvégien Kjetil Andre Aamodt (2e), mais surtout Frédéric Covili. Devant le Français, 26 ans, c'est un tas de médailles: Aamodt remporte là sa quinzième (championnats du monde et JO confondus). Von Gruenigen sa cinquième. Dans l'aire d'arrivée, toujours privé de titre mondial, Maier est resté penaud: «C'est dur de passer des skis de descente à des petits skis en deux jours», s'est-il contenté de dire.
Frédéric Covili n'en croit pas ses yeux. Il décroche une médaille de bronze à la France, dans une spécialité qui n'en recevait plus depuis Guy Périllat et Georges Mauduit en 1966, à Portillo. «Difficile de savoir si j'allais vite, a-t-il dit. Mais je m'attendais à remonter dans le classement. La neige était douce dans la deuxième manche et je me suis engagé sur le bas comme Maier.» Un bonnet enfoncé sur le crâne, le col bien relevé, le skieur des Menuires (Savoie) met personnellement fin à ses années de galère. Lorsqu'on le porte en triomphe, c'est toute sa timidité qui est soudain secouée.
Champion du monde junior de slalom et de combiné en 1994; médaillé de bronze en super-G, Frédéric Covili