Aujourd'hui, j'ai décidé de laisser la plume à Solidaires, mon bateau et compagnon, afin qu'il puisse exprimer ses sentiments sur ce tour du monde qui devrait bientôt s'achever.
«Je ne suis pas usé jusqu'à la corde, mais la fatigue se fait sentir, sur mes voiles, mes cordages... Mon gréement, copieusement sollicité à chaque mille, est légèrement détendu. Mon groupe électrogène ne tourne plus très rond, sans doute les circuits un peu encrassés. Et en plus je suis dans un état de crasse pas beau à voir: aux traînées de rouille issues de la pourriture de mes panneaux solaires, s'ajoute depuis quelques jours un dépôt de poussière marron. Le vent de nord-est est certainement passé par le désert, avant de déposer ce sable partout à bord, de la tête de mât au pont. Je ne me plains pas, mais je me pose des questions.
Pourquoi souffrir, comme ces derniers jours face à une mer difficile? Pourquoi maintenir la vitesse et risquer des avaries, alors que je ne suis plus en course? Pour la gloire? Pour montrer à ceux qui ont misé sur moi que je ne suis pas un mauvais cheval? Bien sûr que j'aimerais rassurer mes concepteurs et constructeurs, quant à mon potentiel qui ne doit pas être trop éloigné de mon cousin anglais mené par Ellen. Mais pour cela, rien ne remplace une confrontation directe avec un résultat au bout. Alors que me faut-il pour m'exprimer? Une prochaine course, un peu plus de chance, des moyens financiers plus conséquents... Ou un autre skipper?
L'actuel est un peu fatigué, et a