Dublin envoyé spécial
Depuis que la terre est ovale, même coincés au fin fond du regroupement le plus confus, certains rugbymen ont l'art de monopoliser l'attention. A cause d'un rien: un détail vestimentaire ou une particularité physique. A preuve le docteur Mias et son casque Latecoère, son confrère laborantin JPR Williams et ses rouflaquettes victoriennes, Jean-Pierre Rives à la blonde chevelure de «secrétaire» (dixit ses détracteurs), ou encore le fermier highlander John Jeffrey, au poil prématurément blanchi tel un rescapé du maelström décrit par Edgar Allan Poe.
Keith Gerard Mallinson Wood, dit Woodie, recordman mondial du nombre d'essais (quatre) marqués en match international (contre les Etats-Unis) par un talonneur, fait lui aussi partie de ce club très fermé. «Normal, tempère-t-il, je suis complètement chauve, il est donc facile de me repérer sur le terrain.» Une explication rationnelle qui ne justifie pas entièrement son exceptionnelle popularité. Son compère de première ligne, le géant John Hayes, n'exhibe-t-il pas un crâne tout aussi rasé sans posséder pour autant le dixième du charisme de son capitaine?
La grande force de Keith Wood, personnage décidément peu ordinaire, c'est avant tout, pour reprendre une formule de Derek Douglas du Glasgow Herald, chroniqueur de la fameuse tournée des Lions britanniques de 1997 en Afrique du Sud, ce «mélange d'agressivité illimitée et d'ingénuité désarmante» qui l'habite, pendant et après le match. Ce qui lui a permis, par exemp