Tokyo de notre correspondant
Le 30 septembre, tous les fans japonais de sumo seront rivés devant leurs écrans de télévision. En direct face aux caméras, l'un des gyoji («arbitre») les plus respectés tranchera, avec un grand ciseau doré, la natte traditionnelle de Chad Rowan, alias «Taro Akebono». Le signe pour cette superstar d'origine hawaiienne que son départ à la retraite, annoncé le 22 janvier en raison de blessures persistantes au genou, est désormais définitif. Le point d'orgue d'une reconversion qui passionne le Japon tout entier.
«Trahison». Premier lutteur d'origine étrangère à accéder, en 1993, au titre de yokozuna, le rang le plus élevé dans la hiérarchie du sumo qu'il a conservé au cours de 73 tournois consécutifs, Akebono devra choisir. Ses supporters l'encouragent à fonder sa propre écurie de lutteurs. Des agences publicitaires de l'archipel lui proposent des contrats mirifiques. Des élus de Hawaii lui suggèrent de revenir pour se lancer dans la politique. Une autre vie, pour celui dont le nom rime, depuis son arrivée à Tokyo en 1986, avec les rites immuables du ring et les règles implacables imposées par son heya (entraîneur), Azumazeki, lui aussi d'origine américaine. «Akebono est un symbole, confirme Eiji Yasuida, du quotidien Tokyo Shimbun. S'il quitte le monde du ring, les autres lutteurs d'origine étrangère et beaucoup de ses fans le vivront comme une trahison.»
A 31 ans, Taro Akebono incarne la mutation difficile du monde très fermé de la lutte traditionnel