Chamonix envoyé spécial
Après huit jours d'efforts solitaires et autant de bivouacs suspendus en plein vide, l'alpiniste et himalayiste Jean-Christophe Lafaille a débouché mardi dernier au sommet de la face ouest des Drus, dans le massif du Mont-Blanc.
Après une longue période de beau temps, le dernier bivouac est terrible. C'est la tourmente, Lafaille est épuisé. Ses mains, qui le font souffrir depuis plusieurs jours, ne répondent presque plus, tant l'effort fourni pour l'escalade artificielle (1) de très haut niveau qu'il vient de réaliser a été violent. La descente en rappel, dans ces conditions, est plus que pénible. Plus tard, au refuge, les amis qui l'attendent devront lui délacer ses chaussures...
Emblématique. «Jean-Chri», comme on le surnomme, n'en a cure. Il a derrière lui une nouvelle voie, «la plus belle que j'aie jamais grimpée et la plus dure techniquement», assure-t-il, les yeux brillants. Il est heureux, et fier de ce morceau de bravoure. A juste titre. Sa voie d'escalade, qui reste sans nom pour l'instant, suit une ligne très esthétique, sur la gauche de cette face ouest des Drus et de sa célèbre «Directe américaine». Lafaille avait ouvert les premières longueurs l'an dernier avec un ami guide, Jérôme Arpin, et il a repris la voie cet hiver à l'endroit où ils l'avaient laissée. L'itinéraire franchit plu sieurs murs compacts, déversants, d'une difficulté équivalente à celle des passages les plus durs du Yosemite américain, la référence en matière d'escalade arti