Madrid de notre correspondant
Ricardo et Javier Otxoa représentaient un cas à part dans le cyclisme espagnol. Une symbiose profonde. A fa fois jumeaux et amis, ils partageaient tout: les entraînements, la maison, le cercle social, les confidences, la voiture, la moto. Même leurs compagnes sont des intimes, toutes deux des Andalouses de Malaga, là où les Otxoa étaient installés une bonne partie de l'année pour parfaire leur forme physique. Et puis il y eut ce funeste jeudi 15 février, le long de la nationale 357, à 21 km du port andalou, à un moment où la route bordée de lauriers-roses décrit un léger virage. Ce jour-là, alors que les deux frères terminaient leur entraînement quotidien en bordure de route, une Volvo 340 conduite par Sebastian Rodriguez, directeur des sports de l'université de Malaga, les fauche par-derrière. En un éclair, le destin se charge de séparer ce que vingt-six ans de vies intimement liées avaient cousu: Ricardo meurt au cours de son transport à l'hôpital, et Javier, sévèrement touché à la boîte crânienne et aux côtes, entre dans un coma profond.
Choc national. Le cyclisme espagnol, que des morts accidentelles ont déjà fortement endeuillé, est sous le choc. Deux jours plus tard, la bourgade basque de Berango (Biscaye), lieu de résidence des Otxoa, leur offre des funérailles solennelles, auxquelles assiste, au milieu d'une foule dense, la fine fleur du cyclisme espagnol, dont Pedro Delgado et Miguel Indurain. La commotion ne s'arrête pas là. Le Tour d'An