A mon arrivée, lundi soir, la mer paraissait en colère. Moi aussi, d'après les observateurs... Elle, pourquoi? Peut-être juste pour montrer qu'elle était la plus forte, qu'elle aurait toujours le dernier mot. Pour empêcher les spectateurs et amis, terriens, de venir à ma rencontre, et ainsi prolonger notre tête-à-tête jusqu'au dernier mille. Et donc mon humeur ressemblait à la sienne. Ainsi, ce qui n'a pas toujours été le cas dans ce tour du monde, nous étions au diapason pour l'arrivée.
Et, dans un dernier élan, poussé par une dernière vague, elle nous a propulsé vers le monde des terriens, après un transit par le chenal du port. Dans la précipitation, nous n'avons pas eu le temps de nous dire au revoir (parce que ce n'est qu'un au revoir). J'espère seulement que l'océan ne nous en veut pas, à mon bateau et à moi-même... Personnellement, j'ai pu pester contre les éléments, mais je ne leur en veux pas fondamentalement: je les ai juste trouvés peu conciliants par moments.
Quant au bateau, rien à lui reprocher. C'était et cela reste un bon compagnon de route. Pour preuve, trois jours après l'arrivée, j'écris ces lignes installé à bord, à la table à cartes: on ne se sépare pas, même moi déçu et lui frustré de l'absence de résultat. Car là était la cause de ma mauvaise humeur à l'arrivée. Venir au ponton où sont amarrés les voiliers des concurrents d'une course à laquelle on n'a pas pu participer jusqu'au bout fait mal. J'espère que le public présent a compris que cela n'était pas