Les Sables-d'Olonne
envoyé spécial
L'histoire d'Yves Parlier coulera encore longtemps comme un robinet qui fuit. Car le marin qui est arrivé vendredi, après 126 jours et 23 heures de mer (à la 13e place), incarne le triomphe de la débrouillardise. Parlier, ou la victoire de la hache en silex, du tournevis taillé dans un os à moelle, bref, du génie français: «Tout va bien, je n'ai besoin de rien, a-t-il soufflé, touché par la gentillesse des gens.»
Yves Parlier, 40 ans, qui a bouclé son troisième Vendée Globe, a donc réussi son insensé pari: regagner la terre sous gréement de fortune après avoir brisé son mât, le 17 décembre dernier. Le 7 janvier, il mouille dans une crique au sud de l'île Stewart en Nouvelle-Zélande. Le 15, il remâte et reprend sa route le 17. Que s'est-il passé entretemps? L'homme s'est fabriqué tout seul un four à pain à l'aide d'une guirlande Noël. Puis a soudé les moignons du mât, grâce à un pot de colle qu'il avait sous la main. Sous l'effet de la chaleur, les morceaux n'en font qu'un. Ensuite, il démoule son affaire, qui du coup mesure 18 mètres, contre 25, quand Aquitaine-Innovations a toute sa hauteur. Un reportage photographique témoigne de la véracité de l'entreprise (Paris-Match, Voiles et Voiliers, etc.).
Un Vendredi de trop. Si Yves Parlier tient de Robinson Crusoé, comme on le dit partout, alors le photographe qui le poursuivit au large de son île ne pouvait être que Vendredi: «Ne m'emmerde pas. Laisse-moi seul», a exigé dès le départ le navigateur