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«Le foot version jeu vidéo»

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Au Japon, le ballon rond reste une affaire de business.
publié le 24 mars 2001 à 0h11

à Tokyo

Le Japon aime-t-il vraiment le foot? Dans un pays qui a fait du Mondial 2002 l'emblème de son internationalisation sportive, la question peut paraître déplacée. Une ligue professionnelle fonctionne dans l'archipel depuis 1993 avec quatorze clubs en première division et douze en deuxième. Une loterie calquée sur le totocalcio italien a été lancée le 10 mars, en même temps que le championnat 2001. Les sponsors les plus prestigieux (Nissan, Toyota, Sony...) y investissent des milliards de yens. Bref, si l'on s'en tient au tatemae (la version officielle en japonais), le pays vit une romance avec le ballon rond.

Et pourtant. A écouter Philippe Troussier et tous les amoureux du foot ­ Japonais y compris ­ habitués à passer leurs samedis dans les (trop) magnifiques stades de Yokohama, Sapporo ou Osaka, la réalité est bien moins séduisante. Au pays du judo et du sumo, le foot reste plus une mode qu'une passion, plus une institution qu'une affaire de coeur. Le championnat ne s'y joue pas sur une saison, mais bizarrement sur deux (le leader des matchs aller est assuré de rencontrer en finale celui des matchs retour). L'ascension sociale, ballon au pied, y est inexistante. Les petits stades municipaux ou associatifs restent bien trop rares: «C'est le monde du foot version jeu vidéo, lâche, perfide, un proche de l'entraîneur français. Tout est calculé. Les présidents de clubs ne sont pas des hommes d'affaires qui mouillent leur chemise au stade, mais des bureaucrates qui gèrent le