C'est un club très fermé d'équipes nationales qui se disputent des trophées virtuels. Leurs armes: battes de saule et balles de cuir rouge. Les règles: celles du cricket, un sport codifié depuis plus de deux siècles. Tou tes issues de l'empire colonial britannique, ces équipes se sont rencontrées ces dernières semaines. L'occasion pour elles de régler certains comptes (1). L'occasion aussi pour les joueurs d'approcher les records du dieu australien, Don Bradman. Sa place est à prendre au panthéon du sport: le super héros du cricket a rendu l'âme, le 25 février, à 92 ans.
Dans les années 30-40, «The Don», avait réécrit la légende et les statistiques du cricket. Le petit gars du bush australien avait fini par incarner les attitudes, le style du cricket, mieux encore que les lords anglais qui l'ont inventé, que les officiers des armées coloniales anglaises qui l'avaient emporté dans leur paquetage, que les maharadjahs indiens qui l'avaient adopté. Le cricket est un sport de gentlemen et d'officiers. Ses valeurs sont anglaises, jusqu'au bout de la batte. Ténacité, courage, patience, sang-froid et discipline, agrémentés d'un brin d'excentricité. La victoire, à tout prix, sans sacrifier le fair-play. Sir Donald lui a donné une dimension de plus: le style. Et son style, c'est l'élégance, sur le terrain, et la modestie, le laconisme, en dehors.
Age d'or. Pendant longtemps, la légende du cricket est colorée de politique. En Angleterre, la lutte des classes s'exprimera jusque dans les a