Sedan envoyé spécial
A Sedan, cinquième du championnat de D1 à quatre journées de la fin, après le match nul 2-2 face à Guingamp samedi, c'est presque accessoirement que les pieds et les têtes servent à marquer des buts. Le plus important, pour les pieds, c'est qu'ils restent sur terre, et pour les têtes, qu'elles demeurent froides et pas trop grosses. «Le jour où vous décollez les pieds, au football, vous êtes morts», dit Pascal Urano, le président du club. «Nos joueurs n'ont pas la grosse tête», assure Gérard Roui, ouvrier dans une usine de peintures, animateur du club des supporters, les Sangliers. Pourtant, Pascal Urano constate: «tout pouvait faire tourner la tête». Voilà un département, les Ardennes, et une ville qui se sont fait une réputation d'accumuler les désastres, de défaites: la capitulation de Napoléon III, les guerres de 1914 et de 1940, la crise industrielle des années 1970-1990, les inondations de 1995. Le département compte parmi les plus sinistrés de France. Sa population est la même qu'en 1831 (290 000 habitants dont 20 000 à Sedan, la sous-préfecture).
Hauts et bas. Les fortunes du club de foot de Sedan sont parallèles à celles du département. La dernière période économique euphorique, dans les années 60, correspond à la grande époque du club: Sedan passe seize ans en D1, de 1964 à 1971, gagne deux Coupes de France (1956, 1961) avec ses «ouvriers footballeurs», employés des usines de textile. Et puis Sedan s'enfonce dans le chômage, les problèmes sociaux.