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Libération

L'inquiétude derrière les hourras

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A Marseille, le retour du boss suscite le scepticisme.
publié le 10 avril 2001 à 0h26

Marseille

de notre correspondant

Voilà une petite fable. Prenons une entreprise. Son patron, M.X., la quitte en 1994, en laissant un passif de 250 MF. Plus tard, la justice estimera à 101 MF les sommes détournées au passage. Pour cette affaire, les sbires de M. X seront condamnés, en appel, à verser 73 MF de dommages et intérêts, mais pas M. X: miraculeusement, les patrons qui lui ont succédé ont oublié de se déclarer créanciers de M.X. Il est principal responsable du trou financier et des détournements, mais ça ne lui coûte pas un centime. Le temps passe. M. Y devient patron de l'entreprise et y injecte 900 MF, en pure perte. Que fait M. Y? Il appelle M. X à la rescousse. Qui, bien qu'en faillite personnelle, revient sous les applaudissements. Et à qui M. Y donne, gratos, 15 % de la boîte...

Mémoire courte. Dans la vraie vie, cette histoire ne ferait pas un pli. Mais, dans le foot, cette fable est devenue, hier, réalité, quand M. X, Tapie, et M. Y, Louis-Dreyfus, ont uni leurs destinées. «C'est la première fois qu'on voit quelqu'un qui a coulé une entreprise revenir comme actionnaire», s'étonne Antoine Gaudino. L'ancien flic marseillais a beaucoup bataillé contre celui qu'il appelle le «milliardaire à crédit», notamment en impulsant l'affaire des comptes de l'OM (1). Et il se dit aujourd'hui «sidéré» devant le satisfecit quasi général: «C'est comme si les balises politiques s'étaient complètement effondrées. Un imposteur revient, on lui tend les bras et on va arriver à lui don