Sa voix douce et apaisée, son torse imberbe et ses ongles ronds bien coupés feraient oublier son incroyable rage de vaincre. Daniel Fernandes, judoka français de 28 ans, participe ce week-end à sa première compétition internationale, à l'occasion des championnats d'Europe à Paris. La dualité de ce garçon, acharné, conquérant et dominateur sur le tapis, est troublante tant il révèle un manque de confiance en soi touchant, une fois le kimono rangé.
En quelques mois, il a su s'imposer dans un contexte de concurrence féroce. La première victoire d'un judoka tricolore étant de dominer ses compatriotes pour être le seul et unique numéro 1. Ils étaient quatre au début de l'année dans cette catégorie des moins de 73 kilos, la plus riche actuellement en France, dont Ferrid Kheder, sélectionné aux Jeux à Sydney. Kheder, qui est aussi coéquipier et ami de Fernandes à l'US Orléans. «Ancien ami», rectifie poliment et gêné Daniel. Kheder, battu régulièrement en 2001, a tenu des propos très durs à propos de son successeur et a décidé de combattre désormais pour la Tunisie, pour continuer à exister. «Je gagne le tournoi de Paris et celui de Prague cette année. J'ai mérité ma place. C'est la règle du jeu. On y est tous soumis», commente finalement sans rougir Fernandes, également sélectionné pour les championnats du monde de cet été à Munich. Il apprécie sans regret. Il sait qu'il n'avait pas pris la trajectoire idéale pour être là.
Après, une bonne année junior, en 1993, on lui propose de ren