On promettait un championnat de France ennuyeux. Villeurbanne (l'Asvel) devait tout écraser avec son effectif pléthorique. Et puis deux lutins sont venus égayer l'affaire, en ramenant les débats au ras du sol. Les play-off, phase finale qui réunit les huit meilleures équipes de la saison régulière, ont commencé ce week-end et se poursuivent ce soir. Keith Jennings et Shwanta Rogers, respectivement meneurs de Strasbourg et du Mans, vont y avoir, comme tout au long de la saison, le rôle de moteur pour leur équipe.

«Vaincre les préjugés.» Keith Jennings, 32 ans, domine à peine Shwanta Rogers, 25 ans. Il n'est pas ici question de talent ­ les deux Américains ont largement convaincu ­, mais de taille. Jennings culmine à 1,70 mètre. Rogers à 1,61 mètre. Bien loin de la vision du basket dominé par les gros gabarits, type Shaquille O'Neal, 2,15 mètres, star de la NBA, qui reste tenace. Keith Jennings, élu meilleur joueur du championnat, se déclare «un peu surpris». Un étonnement légitime à la lecture de ses statistiques: seulement 15e marqueur avec une moyenne de 16 points par match, 7e passeur et absent des classements des contres et rebonds. Alain Weisz, actuel entraîneur de l'équipe de France, qui a été son coach entre 1997 et 1999 au Mans, explique l'engouement pour le petit homme. «Comme il ne mesure pas 2,20 mètres, Keith, au même titre que Shwanta, a dû mettre en avant des qualités hors normes pour sortir du lot et vaincre les préjugés. Il est très adroit (92 % de réussite cet