«Le vice est consubstantiel à la pratique du cyclisme de haut niveau», avait lancé Jean-Marie Leblanc, directeur de la Société du Tour, à la barre du tribunal de Lille lors du procès Festina en octobre. A quinze jours du départ de la Grande Boucle, l'aphorisme lui revient comme un boomerang sous la forme du livre de Bruno Roussel (1), condamné à Lille pour avoir organisé le dopage des Festina dont il était le directeur sportif.
Gangrène du dopage. Dans son ouvrage, Bruno Roussel révèle que le vainqueur de l'édition 1997 du Tour, l'Allemand Jan Ullrich, a accepté la proposition du grimpeur Richard Virenque, à 13 kilomètres de l'arrivée de l'étape du 20 juillet à Courchevel. Le Français aurait offert 100 000 francs au champion allemand pour qu'il le laisse gagner. La plus belle victoire du coureur français le plus populaire aurait donc été monnayée 100 000 francs pour entrer dans la légende. Dans le Monde, le Français, suspendu après ses aveux de dopage au procès Festina, affirme qu'il n'était «pas au courant».
Le vélo n'est pas seulement gangrené par le dopage, la corruption sonnante et trébuchante en est le corollaire inséparable. Le livre fourmille d'anecdotes qui rendent compte d'une pratique généralisée, du niveau amateur aux classiques en passant par le Tour de France. Elle n'épargne même pas les vainqueurs de la Grande Boucle, encore au départ de l'édition 2001. Dans ce même Tour 1997, Roussel raconte que les Festina ont perdu la victoire finale en ne sachant pas profiter