Menu
Libération

189 coureurs, pas de couleurs

Article réservé aux abonnés
Le peloton intègre peu et se complaît dans la tradition.
publié le 17 juillet 2001 à 0h06

Aix-les-Bains envoyée spéciale

Pas de Noirs, pas de Beurs, ce Tour de France est bien incomplet. Il a beau durer trois lon gues semaines, il est bien loin de faire le Tour de la nation. Le milieu du vélo est certes très fermé. Malheur à l'intrus, on y pédale de père en fils. Mais dans le Tour, il y a quelque chose de particulier. Est-ce cette omniprésence du paysage qui tient lieu de terrain de sport? On ne peut s'empêcher de penser que les routes du Tour traversent immuablement cette «terre qui ne ment pas» du maréchal, faite de luzerne et de colza, qui rend si bien les photos du peloton lancé à fond de train. Peut-être un simple effet de contraste, puisque les grandes plumes de la presse sportive martelaient naguère que le coureur était, lui, en revanche un fieffé menteur.

Terres catholiques. Tout se passe comme si la Grande Boucle s'acharnait, année après année, à enfermer une France d'hier sur elle-même au lieu de l'ouvrir sur le monde, à décrire une ligne Maginot aussi vaine qu'imaginaire. Comme si le Tour creusait un sillon toujours plus enfoncé dans une France profonde. Les incursions au-delà des frontières, comme cette année en Belgique, n'y changent rien.

Prenez le peloton. Il n'a rien d'une équipe multiculturelle, à l'instar de ces champions du monde de foot de 1998. Black, Blanc, Beur, c'était le drapeau tricolore du ballon rond arboré fièrement par les vainqueurs. Point de melting pot dans le vélo qui, contrairement à la République, n'intègre personne. Les étrangers