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Libération

Les vieux suiveurs ont mal à leur vélo

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La suspicion sur le Tour met à mal le rêve de ces fidèles.
publié le 20 juillet 2001 à 0h08

Perpignan envoyée spéciale

Très rares sont les suiveurs du Tour qui ne sont pas tombés dedans quand ils étaient petits. «Mon premier Tour? J'étais en famille près de Rennes. Je suis allé le voir passer avec mes parents. C'était l'année où Koblet a gagné, en 1951», se souvient un sexagénaire. «Moi, c'était le deuxième Tour de Merckx. J'étais en colo à Cazeaux de Larboust, en Haute-Garonne, l'été 70. J'étais fasciné. Mes plus belles vacances...», enchaîne le voisin, son cadet de vingt ans. Ce ne fut pas leur dernier. A chacun son baptême, mais tous sont devenus des fidèles de la religion du Tour, avec sa magie de rigueur, ses rites et ses consécrations.

Calendrier cycliste. Le Tour sert ainsi de fil conducteur pour dater les grands événements de la vie du suiveur. «Je me suis marié trois semaines après la première victoire de Bobet et notre fils est né l'année de Bahamontès», entend-on. On doit comprendre que le jeune couple a attendu cinq ans la venue du désiré bambin. L'année du retour aux affaires de De Gaulle, en langage suiveur, c'est celle de Charly Gaul; l'année de la chute du mur de Berlin, c'est celle de la deuxième victoire de Greg Lemond.

La fidélité au Tour est d'autant plus forte que l'on rajeunit énormément sur les routes de juillet. Jacques Augendre, l'historien de la société du Tour, qui en a couvert 50, dit cela délicieusement, avec ses mots. Se souvenant de la délicate reprise de l'épreuve après guerre, en 1947, il confie son soulagement de bonheur à l'époque. «