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Libération

Baguet tire enfin la couverture a lui

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Le Belge avait abandonné le vélo trois ans. Hier, il a gagné.
publié le 27 juillet 2001 à 0h11

Montluçon envoyé spécial

Le Tour est toujours à la frontière du rire et de la douleur. C'est sa grande force. Hier donc, l'étape disputée entre Brive et Montluçon (194 km), la dix-septième, a été remportée par Serge Baguet (Lotto). Le Belge, échappé en compagnie du Danois Jacob Pill (CSC-Tiscali) et de l'Italien Massimilano Lelli de la Cofidis, règle son affaire aux deux compères après 189 kilomètres d'échappée.

Peigne. Voici l'histoire de Serge Baguet, l'ancien ouvrier couvreur, devenu vainqueur d'étape. C'est un conte à la Perrault. Le petit Baguet, qui avait déjà les cheveux raides et des épis partout se faisait rouspéter par sa maman car il ne laissait que trois dents au peigne. Mais il voulait faire cycliste. En Flandres, d'où il vient, c'est considéré comme de la plus haute noblesse. C'est ainsi qu'il embrassa la carrière en promettant à maman qu'il utiliserait dorénavant plutôt la brosse à cheveux de sa soeur que le peigne de papa: «A 15 ans, je gagnais toutes les courses. J'étais le meilleur jeune de Belgique, même l'un des tout meilleurs jeunes du monde.» Or, un jour, le petit Baguet eut du poil aux pattes et sa voix devint grave. Ce qu'il redoutait tant advint. C'est là qu'il se rendit compte que même en se rasant les jambes, il ne gagnait plus. Il raconte la suite: «Je passe chez les amateurs, puis chez les professionnels. De 25 à 30 victoires par saison, je descends à deux-trois, pas plus.» Et le Belge n'a plus le moral.

C'est le grand mystère du cyclisme, le moral.