Munich envoyé spécial
Son regard est vague, presque éteint. Comme si la lueur dans ses yeux avait disparu en septembre dernier à Sydney. Ce soir-là, Shinichi Shinohara avait abaissé le regard, battu en finale olympique par David Douillet, humilié, giflé par ses entraîneurs face à toute l'équipe du Japon. Shinohara avait-il infligé un ippon à Douillet? Personne n'est vraiment en mesure de l'affirmer. Ce qui est certain c'est que le Japonais n'avait aucun appui au sol lorsque le Français est tombé. Un des arbitres accorde un ippon. Les deux autres le déjugent. Douillet continue son forcing et remporte finalement le titre. Sur le coup, Shinohara qui s'estime volé pleure à chaudes larmes. Il ne se remettra pas de l'affront.
Bourreau. Hier, pour la première journée des championnats du monde, il semble lent, et surtout sa tête ne suit plus. Il chute au troisième tour face au Russe Alexander Mikhaylin, sacré champion du monde quelques heures plus tard. «Un moment d'inattention», expliquera le Japonais laconique. Douillet, devenu entraîneur des lourds de l'équipe de France est formel: «On l'a forcé à continuer jusqu'ici. Il n'avait pas envie. Il est nettement en dessous de sa valeur.» Lors d'un voyage au Japon, le Français avait tenté de renouer quelques liens avec la presse japonaise, incendiaire à son égard après Sydney. Et auprès de Shinohara, qui avait aperçu son bourreau, mais avait filé à Tamri, la ville où il habite et enseigne le judo.
Avant Sydney, Shinohara, 28 ans, n'était p