Edmonton envoyée spéciale
Peut-être aurait-il mieux valu qu'elle ne gagne pas. Dans la nuit de samedi à dimanche, Olga Yegorova, la première athlète de l'histoire déclarée positive à un test urinaire de détection de l'EPO, est devenue la nouvelle championne du monde du 5000 m. Loin devant l'Espagnole Marta Dominguez, médaille d'argent, et encore plus de la Roumaine Gabriela Szabo, la tenante du titre, qui finit en 8e position.
C'est une drôle de championne du monde qui est couronnée à Edmonton. Avant le départ, les concurrentes font un petit signe aux spectateurs par l'intermédiaire de l'écran géant installé dans le stade. Le public, bon enfant, applaudit. Quand le visage émacié de Yegorova apparaît, les huées montent, les sifflets tombent des travées. Pendant la course, Szabo est acclamée. A deux tours de la fin, Yegorova attaque, faisant exploser le 5000 qui sent la poudre. Le public écarquille les yeux: la «tricheuse» ne va quand même pas oser! Dans la dernière ligne droite, elle laisse sur place ses deux compagnes d'échappée, et passe la ligne d'arrivée avec un regard dur. Le public commence à la huer. Rappelant les Mondiaux de Stuttgart, en 1993, et le triplé chinois féminin du 3000 m. A l'époque, un silence de mort avait accompagné l'arrivée des filles, convaincues de dopage, avant que les cris ne se déchaînent.
Flottement. A Edmonton, Olga Yegorova n'a pas fait de tour d'honneur, elle n'a pas profité de l'instant de grâce que s'octroie chaque vainqueur. L'interview par l