Millau (Aveyron) envoyé spécial
Bob en vrac, boules en main, allure hésitante, l'homme peste: «Y a de la poussière, c'est moi ou c'est mes yeux?» «Un peu des deux», répond la femme. L'heure est au cagnard, à l'après-aligot et à la course aux inscriptions. 15 heures. Le Mondial de Millau, ses «12 000 joueurs, ses 16 nationalités et ses 50 000 spectateurs sur cinq jours», selon les organisateurs qui ajoutent un modeste «Bové, c'est du pipeau à côté» (1) , s'ébroue dans la torpeur. Et reprend le chemin des terrains.
Deux Japonaises, banane et polo fraise, tapent des boules. Un vieux, lové dans sa chaise, s'en étonne: «Putain, si même en pétanque, on se fait taper.» La réponse fuse d'un collègue de sortie de sieste: «Déconne pas, on a de la marge, quand même.» Un rayon de Soleil- Levant à Millau, ce fut aussi simple qu'une boule qui tète un «petit», à en croire Claude Lacan, vice-président du tournoi: «Un jour, on a fait un montage de l'histoire du tournoi. On l'a envoyé dans les fédé rations internationales. Depuis, les Japonais reviennent chaque année. Accros.» L'oeuvre civilisatrice de la pétanque n'en est qu'à ses prémices...
Embouteillages monstres. Et elle a ses dévots, ses prêtres, ses bréviaires. Et ses autels. Marseille, 40 ans, ou Millau, 20 ans d'âge, les deux plus gros tournois du monde en font partie. Pour les plus croyants, Millau a valeur de pèlerinage. Car c'est, au choix, un mausolée («Dans son testament, un ancien joueur a même voulu que ses cendres soit disper