Berlin envoyé spécial
Pendant toute la durée du 5000 m, 14'29''32 exactement, nouveau record d'Europe, l'écran géant du stade olympique de Berlin n'a montré qu'elle: Yegorova la maudite, Olga la petite pestiférée de l'athlétisme mondial. A la huitième place pendant une bonne partie de la course, elle est restée imperturbable malgré l'avance de deux Ethiopiennes, entre lesquelles s'était glissée son ennemie jurée, la Britannique Paula Radcliffe, vigie dominant les autres de sa haute taille et ses convictions antidopage.
Pour le dernier meeting de la Golden League, Radcliffe voulait à tout prix barrer à la Russe la route des cinq victoires lui permettant d'accéder au partage des cinquante kilos d'or offerts aux athlètes vainqueurs de cinq des sept étapes de cette League un rien mercantile. Comme à Bruxelles, avec ses chaussettes noires presque aux genoux et la tête dodelinant en tous sens, elle a essayé de durcir le rythme et d'empêcher le retour de la Russe. Mais, une fois de plus, elle n'a rien pu faire contre l'intelligence tactique de Yegorova, sa remontée progressive dans le dernier tour, son dépassement au moment voulu puis son finish dévastateur.
Yegorova voulait faire enfin taire les grosses voix qui ne lui reconnaissent aucun talent. A Berlin, les grosses voix se sont faites discrètes et une bonne partie des 40 000 spectateurs a même applaudi. Brièvement, puis très timidement au moment de la remise des trophées. Assez pour venger la Russe des affronts de l'été. «Je savai