Aix-en-Provence envoyé spécial.

Damien Traille constitue une authentique énigme sous ses faux airs de Droopy customisé. Le grand animateur des lignes arrière du XV de France contre les Boks, auteur d'une magnifique percée en première mi-temps et d'un coup de pied de pénalité phénoménal en seconde, est soit d'une timidité maladive, soit doté de nerfs d'acier. Pas plus que son adversaire direct sur le terrain, son interlocuteur, quel qu'il soit, n'apparaît à même de le déstabiliser. Et pour peu qu'on s'y essaie par le biais d'une feinte extrarugbystique, en s'enquérant par exemple des goûts musicaux de ce colosse (1,94 m, 97 kg) de 22 ans (rock, jazz, hip-hop, techno ?), Damien Traille conserve la même attitude impavide : «Alors là, c'est facile ; en matière de musique, j'aime tout.»

«Damien est un garçon timide, admet Bernard Viviès, mais animé d'une vraie force intérieure. Il ne s'exprime pas trop, seulement quand il en ressent la nécessité.» Le nouvel adjoint de Bernard Laporte connaît bien le Palois : il l'a précédemment accueilli à quatre reprises en France A l'an dernier ­ «il a été chaque fois excellent» ­ et il a joué en sélection dans les années 70 avec son géniteur, René. C'est d'ailleurs sous la direction de ce dernier que Damien Traille a commencé le rugby à Nay (chef-lieu de la poule au pot).

Automatismes. Déjà repéré par le précédent staff tricolore ­ il avait été invité au stage de Nantes avant la Coupe du monde ­, Traille a vu sa carrière prendre son essor à Pau.