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Libération

Chien noir, des «prolos de la mer»

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Mateloteurs, ils ont préparé 15 bateaux.
publié le 19 novembre 2001 à 1h40

Groix envoyé spécial

On notera que les mâts des bateaux de la Transat Jacques Vabre sont restés debout. Et, s'ils n'ont pas rompu, c'est qu'ils étaient bien tenus. Ou alors que le vent n'a pas soufflé trop fort. Voici l'histoire de Chien noir (1), un trio de mateloteurs groisillons qui excellent dans l'art de dresser les mâtures avec de la ficelle (Spectran, Vectran, etc.). Quinze des bateaux de la Transat sont passés entre leurs mains habiles.

Grande gueule. Il y a vingt-cinq ans, au début de la course au large, était l'Inox. Puis, un jour, Cédric Chauvaud est venu avec des pelotes de fil et, sur la tête, une casquette de marin. Il ne l'a jamais quittée. Probablement pour protéger son esprit ingénieux des grands vents d'Ouest. «Salut, j'suis mateloteur et je cherche du boulot.» «Tu commences demain», lui répond-on. «A l'époque, on bossait au "black" six mois à terre et, le reste du temps, on naviguait. Aujourd'hui, c'est impossible, il y a les navigants et l'équipe à terre», se souvient Cédric, 40 ans, et presque quinze ans de métier derrière lui. A l'époque, les salaires étaient versés quand le marin le pouvait, et tout le monde mangeait dans la même gamelle.

Au début, les skippers n'ont pas cru Cédric quand il disait que «la ficelle pouvait remplacer la ferraille». C'est comme s'il avait dit qu'il pouvait faire tenir un mât avec de la vessie de porc tressée. Les premiers qui ont osé confier leur bateau aux mains de Chien noir étaient Loïck Peyron et Yves Parlier. Les autres